Quand elle n'a pas été négligée, voire occultée, la traduction a souvent été considérée comme un simple vecteur de diffusion dans un espace linguistique autre, ou comme une altération du sens, une adaptation souvent assimilée à une trahison. L’œuvre se construit aussi avec le traducteur qui contribue à l’appropriation culturelle du texte, à son enrichissement et à sa critique.
Centrale dans la circulation des savoirs, la traduction est ici également envisagée par la matérialité de l'objet (le texte et son support), par ses divers acteurs et leurs outils. Outre les dispositifs linguistiques (apprentissage de la langue, traitement du texte), elle passe surtout par la production textuelle, la circulation matérielle des livres, les échanges épistolaires, les voyages.
Avec le lent déclin du latin, accentué au XVIIIe siècle, les langues des échanges culturels dans l’espace européen se diversifient. La traduction devient alors un outil voire un dispositif de communication incontournable que les études réunies dans ce volume mettent en lumière au travers des cas choisis dans des contextes scientifiques, intellectuels et politiques variés, et articulant des échelles différentes (locale, nationale, internationale).
Patrice Bret, membre honoraire du Centre Alexandre Koyré et secrétaire général du Comité Lavoisier de l'Académie des sciences, est historien des sciences et des techniques. Il travaille notamment sur les correspondances et sur la traduction scientifique et technique au XVIIIe siècle.
Jeanne Peiffer, directrice de recherche émérite au CNRS, est historienne des mathématiques au Centre Alexandre Koyré qu’elle a dirigé de 2009 à 2013. Elle a animé notamment pendant plusieurs années les travaux d'un groupe de recherche international sur les journaux savants au XVIIIe siècle.