Goethe ne fut pas le seul à s'inspirer de Faust à la fin du XVIIIe
siècle. Son ami de jeunesse, F. M. Klinger (1752-1831), s'est lui
aussi laissé tenté par le sujet, poussant d'ailleurs Goethe à le
reprendre. Dans ce roman, paru en 1791, mais amplement remanié
à deux reprises (1794, 1813), Faust conclut un pacte avec les
force du mal afin de prouver la prééminence de la vertu. Flanqué
du diable, il parcourt l'Europe médiévale en philosophant sur
l'universalité du mal : la morale, la justice, mais aussi, et c'est
plus inhabituel dans les traitements littéraires de la légende, la
politique, sont au coeur de ses réflexions, qui se déclinent sur
tous les tons, du sarcasme à la méditation en passant par le sentimentalisme.
En homme de théâtre, Klinger prend un plaisir
évident à orchestrer de façon magistrale la course folle de son
personnage et les horreurs de l'Enfer. C'est la deuxième version
de La Vie de Faust que nous présentons ici à l'aimable lecteur.