"L'homme est une passion inutile" le vieux Idir pourrait faire sienne cette parole de Sartre. De par sa fonction de juge, il arbitre les conflits, redresse les torts... Il n'est pas fier des villageois et se désole de les voir si portés sur le vol, la tricherie et autres bassesses. Idir se passionne pour l'homme et voudrait le hisser à un destin plus noble. Un jour, il décide de le débarrasser de ses vils instincts, d'en faire un être parfait. Pour cela il met en application une punition si dure à supporter, si exemplaire qu'elle dissuaderait toute tentation malsaine. Noble intention ! mais qui va se heurter à l'homme et à sa nature ; et qui, loin de le hisser de son quotidien, va lui révéler les délices de ses basses tromperies. La bête sommeillant en chaque être se réveille et se complaît dans cette vie de chien au grand désespoir de Idir qui, aveuglé par l'orgueil, se refuse jusqu'au bout à admettre la triste réalité. Le village se meurt et ses habitants s'entre-tuent. Heureusement la femme s'interpose, avec elle resurgissent des sentiments humains... Seul l'amour d'une femme peut convertir un homme et le réconcilier avec sa dignité.
Ce penchant de l'homme à jouir de ses méfaits, à se complaire dans ses vils instincts, H. Mazini l'a abordé dans un précédent roman : La basse-cour des miracles. Il récidive avec La vie en laisse où les hommes, apparentés à des chiens, vont assouvir leurs passions. Dans un territoire sans loi, ni morale, les uns se découvrent une férocité et ne cessent de mordre et d'aboyer ; d'autres, d'éternels serviteurs, déploient inlassablement leurs langues pour lécher les bottes d'un maître ; d'autres encore, sans horizon ni projet, se défoulent et croquent le présent comme on ronge un os. Une poignée seulement d'entre eux s'accommode mal de cette condition de chien...