Nous sommes envahis de messages, d’images et de discours qui nous persuadent de la violence de notre monde. Paradoxalement, il n’a peut-être jamais été moins violent qu’aujourd’hui… Derrière le spectaculaire des événements, la violence est une réalité multiple, mouvante, et parfois insaisissable : certaines violences sont manifestes, d’autres marchent à bas bruit, comme les paroles insinuantes de Iago détruisant peu à peu l’âme d’Othello, comme le contrôle sur les âmes et les corps qui « violent » nos libertés. Même les formes les plus visibles de la violence, même les guerres ne sont pas des phénomènes monolithiques : le droit, les pratiques, la fonction politique de la guerre lui donnent un sens qui ne se réduit pas à des opérations militaires, et qui supposent une analyse conceptuelle. On peut justement attendre de la philosophie, non qu’elle mette fin à la violence, mais qu’elle nous aide, en la conceptualisant, à la mettre quelque peu à distance. N’oublions pas l’antique définition du diable : haineux certes, mais aussi impuissant et ignorant. Ne confondons pas violence et puissance…
Alexandre Abensour, ancien élève de l’École Normale Supérieure (Ulm), agrégé de philosophie, enseigne en CPGE économiques et commerciales au Lycée Saint-Jean de Douai et en Lettres Supérieures au Lycée Sainte-Marie de Neuilly.
Nicolas Tenaillon est agrégé de philosophie, professeur de culture générale en CPGE économiques et commerciales au Lycée Saint-Jean de Douai.