J'habite les ravins de cette vie, les abîmes, les chemins délaissés, les très vastes déserts où l'on ne s'aventure plus. J'habite quelque part dans le monde, dans le feu de la langue mais les mots ne sont rien en regard de cette vie qui s'en va au galop. Les mots ne sont rien, tout juste cette moisson des journées d'août, quand nous allions les uns et les autres dans cette sorte de plénitude aujourd'hui révolue, où la langue était au sommet, je dirais presque à fleur de fourche tandis que nos mains hissaient les foins sur les chars, que la fraîcheur des écuries ruisselait sur nos épaules nues, qu'une hirondelle paradait dans le couchant (...)