Ces quinze dernières années, les historiens du monde romain ont passé au crible de la critique le concept de romanisation. Toutefois, cette notion demeure, malgré ses limites, un outil d'analyse indispensable pour comprendre le fonctionnement et la durée de l'Empire romain. Les auteurs ont cherché à décrire comment ce concept peut être appliqué à l'Afrique du Nord, de la chute de Carthage à l'époque vandale et byzantine.
Les Romains d'Afrique possédèrent leurs propres spécificités, différentes de celles des autres provinces, occidentales ou orientales. Cette diversité s'explique par le fait que le pouvoir impérial, après avoir conquis ces régions et mené une politique de colonisation au sens moderne de ce terme, s'appuya sur les élites locales. Mettant en oeuvre une politique de participation de ces élites, il permit aux Africains, du moins à une partie d'entre eux, de trouver une place au sein de ce système et de s'enrichir. Ces notables exprimèrent leur réussite sociale dans les cadres de la société romaine et contribuèrent à la « romanisation » du mode de vie de leurs compatriotes. Très tôt, la romanisation devint donc le fait des Africains eux-mêmes.
Une autre composante de ce processus fut le christianisme. Les conversions nombreuses et la forte personnalité des Pères de l'Église africains firent de ces provinces les plus christianisées de l'Occident. Au IVe siècle, la schisme donatiste obligea l'Église d'Afrique à s'interroger. De ce fait, le christianisme, à l'origine hostile au polythéisme de l'Empire et de la vie civique, s'inséra dans la civilisation romano-africaine et fit office, lui-aussi, de vecteur de la romanité.
Claude Briand-Ponsart est maître de conférences à l'Université de Caen. Auteur de plusieurs articles sur l'Afrique, elle a publié, avec Frédéric Hurlet, L'Empire romain d'Auguste à Domitien (Armand Colin, 2001) et a été responsable de l'édition des colloques L'Afrique du Nord antique et médiévale. Mémoire, identité et imaginaire (PUR, 2002) (en collaboration avec S. Crogiez) et Identités et cultures dans l'Algérie antique (PUR, 2005).
Christophe Hugoniot est maître de conférences à l'Université François Rabelais de Tours. Ses travaux de recherche portent sur essentiellement sur l'Afrique romaine. Il a publié Rome en Afrique (Flammarion, 2000), et a coordonné, avec Silvia Milanezi et Frédéric Hurlet, la publication du colloque L'acteur dans l'Antiquité grecque et romaine (Presses universitaires François-Rabelais, 2004).
Rome « à pas lents » : la province d'Afrique et les royaumes indigènes (146-44 av. J.-C.). Contrôler et administrer : l'Afrique romaine de la mort de César à la mort de Sévère Alexandre (44 av. J.-C.-235 apr. J.-C.). Les cités et la vie civique du Ier s. au IIIe s. Continuité et mutation des croyances : la religion en Afrique. L'économie africaine. Le IIIe s. entre apogée et réformes. Le contrôle de l'Afrique du Nord au IVe siècle. Les cités et la vie municipale tardive. Le christianisme africain au IVe siècle. Population, société et culture : une identité romano-africaine ? L'Afrique vandale.