Au cœur d'un soir glacé, la naissance de Strambus réchauffe les roulottes d'une famille de Tziganes allemands, qui survit péniblement grâce à des numéros de cirque transmis de génération en génération. En réalité, le nouveau-né se prénomme Adolf, prénom favori de ces années 1930, embrasées par un orateur véhément qui promet à la nation le bien-être de tous dans une société florissante. Ce «Führer» adulé ne tardera pas à mettre l'Europe à feu et à sang et à entraîner son pays vers une dévastation inéluctable. En filigrane de la saga de Strambus et de ses proches, tendre chronique piquetée de scènes hautes en couleur, se dessine le destin de minorités broyées par un implacable système.
«Il y a quelque chose entre la terre et le ciel, mais on ne saura jamais quoi», ressasse le grand-père de Strambus. Seule importe alors la subsistance quotidienne, chez ces artistes attachants, facétieux et fatalistes. Dans la tourmente des barbaries nazies, pour glisser à travers les mailles du filet de l'histoire, mieux vaut savoir se faire discret et «laisser pleurer les chiens»...