L'Alliance du Sinaï
Topiques sinaïtiques I
Notre temps, celui du primat des libertés individuelles et publiques, ne peut se concilier avec le pouvoir théocratique. Où la théocratie trouve-t-elle ses fondements ? Pour l'imaginaire collectif : dans la loi monothéiste donnée sur le Sinaï. Dans ces Topiques sinaïtiques, Raphaël Draï démontre au contraire que le Dieu qui s'est révélé au Sinaï n'est ni guerrier ni vindicatif, qu'il n'est pas un absolu mais un infini, interdisant toute captation ; le Dieu de la Malkhout qui accepte son auto-limitation en instituant le Chabbat et qui se lie à l'Humain par une Alliance qui les engage ensemble dans une Histoire toujours marquée par le choix de la vie.
Le Sinaï est ainsi le lieu non pas d'une révélation, mais de deux, indissociables : la première concerne le Dieu législateur, qui exclut l'arbitraire et le despotisme ; la seconde fait apparaître ses attributs de pardon et de compassion, afin que l'Humain se relève de ses propres déchéances et poursuive cette histoire commune. Celle-ci culminera dans l'édification du troisième Temple entrevu par le prophète Ezéchiel, qui s'inscrit non pas dans l'espace-temps contristé des exclusions et des guerres, mais dans celui d'une éternité où chaque instant devient source de liberté pour l'esprit, et de grâce pour les âmes enfin réconciliées.