Pendant un siècle, liée au bipartisme, l'alternance au
pouvoir a été l'apanage de la Grande-Bretagne et des
pays de tradition angio-américaine. Ce n'est qu'après
la Seconde Guerre mondiale qu'elle s'est étendue,
grâce à la bipolarisation des forces politiques, au
continent européen.
Aujourd'hui, elle rythme la vie politique de
l'Allemagne, de l'Espagne, de la France de la Grèce,
du Portugal, des pays scandinaves et, plus récemment
de l'Italie. À tel point que certains observateurs en
font un critère de la démocratie pluraliste.
En fait les démocraties dites consociatives, comme la
Suisse, se passent fort bien de l'alternance en
privilégiant l'existence de gouvernements de coalition.
En revanche, depuis 1981, la France connaît un
rythme accéléré de changements de majorités la
question se pose dont de savoir si l'alternance, en
permettant aux électeurs d'évaluer l'efficacité des
politiques publiques conduites par leurs dirigeants,
ajoute à l'exercice du «gouvernement du peuple par
le peuple» celui du «gouvernement pour le peuple» ;
ou si cette accélération traduit les dysfonctionnements
de régimes politiques - telle la Ve République
(sept alternances en vingt et un ans et trois
cohabitations !) qui parviennent difficilement à
maîtriser les changements de société.