La fin d'un millénaire n'est pas la fin de l'Histoire. Les prophètes en auront été pour leurs frais. Les historiens tout autant, qui s'obstinent à faire du XXe siècle passé celui des génocides, alors que, jusque dans ses dernières heures, il aura été celui de l'affirmation, assurément difficile, fragile, hésitante, de la démocratie.
Ce qu'auront montré, à leur manière, la chute de la dictature de Slobodan Milosevic en Serbie, ou la tout aussi spectaculaire rencontre entre les présidents des deux Corées divisées et ennemies ; l'émergence d'une exigence de transparence dans les processus de décisions politiques et économiques, aussi bien, et à des degrés divers, en Birmanie qu'au Mexique, en France avec les «affaires» qu'aux Etats-Unis avec la désignation laborieuse d'un président ; ou bien encore les oppositions à la «globalisation» d'un capitalisme saisi par l'ivresse des hyperfusions comme les doutes soulevés par un élargissement de l'Europe sans cadre politique assuré.
Victoire fragile de la démocratie, cependant, car les guerres se poursuivent, notamment en Tchétchénie et au Proche-Orient. Le droit international peine toujours à affirmer son universalité.