Tuer la vie dans l'oeuf, tuer la vie avant qu'elle ne prenne forme, tuer l'informe... Voilà un des fantasmes centraux de l'univers mental de l'anorexique. Il n'est pas sans rapport avec le symptôme majeur de l'aménorrhée ou avec des stérilités psychiques qui s'associent parfois à ces pathologies. Fantasmes terribles car agis, que seule la « psychologie féminine » est capable « d'incarner » à travers la stérilisation de son propre corps...
Résister à une relation transférentielle parfois épuisante, vampirique, mortifère, pour mieux animer, séduire, érotiser, jouer, rêver, bercer, contenir, introduire une distance, une triangulation oedipienne, accepter une régression formelle qui va au-delà de l'humain, qui côtoie les formes les plus invraisemblables du monstrueux, et finalement reconstruire une nouvelle vie par le biais du transfert. « Transformer » le grotesque en comique, en faire de l'humour. Voici les lignes de force grâce auxquelles le travail analytique peut parfois faire face avec succès à cette étrange Violence de l'anorexique.