«L'apartheid judiciaire ou le TPI, arme de guerre rassemble les réflexions de deux personnalités du monde contemporain : le général Pierre Marie Gallois et Me Jacques Vergès. Ce rapprochement peut étonner. En effet, qu'y a-t-il de commun entre le concepteur de la force de dissuasion nucléaire française et l'avocat du FLN, de Klaus Barbie, de Carlos ou d'Omar Raddad ?
Depuis maintenant plus de dix ans, le général Gallois est à la fois un témoin et un acteur des événements se déroulant en Yougoslavie. Un témoin, en tant que spécialiste de géopolitique : les titres des derniers ouvrages parus témoignent de son intérêt pour les affaires des Balkans. Un acteur, par les nombreux voyages qu'il a effectués en Yougoslavie, les consultations qu'il a données et les interventions dans certaines affaires comme celle qui a abouti à la libération des pilotes français en 1995. De plus, le général Gallois sait donner à la compréhension des phénomènes contemporains une profondeur historique sans laquelle on se condamne à des explications caricaturales.
Le recours à Me Jacques Vergès s'imposait : qui s'étonnera que ce grand avocat défende l'indéfendable Milosevic diabolisé par l'opinion internationale ? Ne reconnaissant pas la légalité du Tribunal Pénal International, l'ex-président de la République yougoslave a refusé de répondre aux questions des juges. Son attitude correspondait en tous points à «la stratégie de rupture» définie par Jacques Vergès dans un essai paru en 1968. Le procès de rupture est aussi ancien que l'injustice des hommes. Socrate n'a-t-il pas adopté une défense de rupture ? Maître Vergès la définit ainsi : «La rupture survient lorsqu'il n'y a plus de principes communs entre ceux qui prétendent juger et ceux que l'on veut juger.»
Ces deux combattants de la France libre se sont rencontrés à l'occasion de deux séries d'entretiens radiophoniques. Le géopolitologue et l'avocat partagent, au-delà de leurs différences, une même conception de l'honneur, une même compréhension du patriotisme et une inquiétude commune face à la superpuissance mondiale américaine.»
Lydwine Helly