Tranchant avec les nombreuses accentuations «négatives» - largement
tributaires d'une certaine lecture unilatérale de Nagarjuna - qui ont
cours de nos jours en Occident en général, l'auteur ouvre une perspective
affirmative et positive sur la réalisation nirvanique. En outre, et
parallèlement, ce livre nous offre une vision intégratrice et valorisante des
éléments humains, naturels et cosmiques qui forment le contexte de notre
réalité existentielle immédiate, contrastant ainsi - sans pour autant les
invalider - avec les présentations du bouddhisme qui mettent l'accent,
de façon parfois trop unilatérale, sur la technique méditative et l'analyse
rationnelle en ce qu'elles peuvent avoir de «dé-réalisant».
C'est bien la nostalgie métaphysique qui constitue le versant positif du
nirvana, lequel n'est pas seulement extinction de la soif comme principe de
la souffrance, mais aussi étanchement de cette soif en tant qu'elle reflète un
désir de Réalité. C'est en tout cas cette dimension réalisatrice du Dharma qui
interdit de réduire le bouddhisme au statut d'un nihilisme métaphysique
ou d'une simple discipline psychologique et mentale.
S'il en est ainsi, c'est qu'à l'expérience de «manque» inhérente à l'âme
humaine répond la plénitude de la Lumière infinie, qui n'est autre que la
substance d'être et de miséricorde de la Réalité nirvanique.