Quand Hollan décida, il y a déjà bien longtemps, de passer ses étés dans une garrigue
presque déserte, où de longues journées de solitude dans la lumière constante font que
les perceptions s'affinent, s'intensifient, c'est parce qu'à diverses distances de son petit
mazet grand ouvert sur l'herbe rare et les pierres sèches sont disséminés de grands
arbres, surtout des chênes, avec lesquels il recrée, à chaque retour, un rapport intime et
même affectueux qui est devenu dès le premier jour le centre de sa pensée.
L'arbre est une leçon. Grâce à l'arbre on pourra aimer, réfléchir, penser en termes de
vie plutôt que de connaissance : comme déjà ç'aurait pu être le cas, jadis, au jardin
d'Eden. Rien d'étonnant qu'on ait de toujours fait appel à son témoignage.
Et aujourd'hui c'est Hollan qui établit avec lui la sorte de relation qui vaut son
sérieux à son oeuvre.
Yves Bonnefoy