L'arche du temps
Les sens de l'essence du Temps
Essai sur la structure harmonique de la temporalité
Le temps est, pour la pensée qui s'y affronte, une énigme. Condition de toute réalité phénoménale comme de tout acte réflexif, il ne peut être saisi par l'esprit sans que l'esprit ne se trouve par lui déjà saisi. Aussi, le temps ne nous apparaît-il d'abord, à l'instar de l'Être ou de la Vérité, que comme cet inconnu fuyant qui nous échappe toujours à mesure que l'on s'en approche, cet horizon qui recule à mesure que nous avançons, cette poignée de sable qu'à trop vouloir saisir l'on finit par faire s'évanouir.
Que peut alors signifier l'entreprise consistant à penser le temps philosophiquement, s'il ne peut s'agir par là d'objectiver un phénomène pour s'en rendre le maître ? Est-on par là voué à confondre ses propres vues subjectives avec la nécessité rationnelle ou encore à se contenter d'un discours qui n'affirmerait contradictoirement que l'impossibilité d'affirmer quoi que ce soit ?
Ce livre fait le pari qu'une élucidation philosophique du temps est possible et que, prenant appui sur l'essentiel de la tradition métaphysique, l'esprit peut légitimement s'approprier cet élément où il trouve naissance et qui lui donne d'être pensant. Élucider l'énigme du temps voudra dire : non pas l'épuiser par l'opinion, mais l'enrichir par le jugement, se rendre disponible pour ce que la pensée recèle de plus fondamental et de plus enfoui : cet acte de scission qui la projette et la libère, formant ainsi l'arche par laquelle la conscience se trouve conjointe et accordée au monde.