Kenneth White nous emmène sur les petites îles de l'Atlantique tropical, cet archipel à la courbe gracieuse qui s'étend de la côte du Venezuela à la Floride : les Antilles. Il les a fréquentées de longues années durant, sillonnant l'espace marin, les arpentant à pied. Tout commence dans l'Archivo General de Indias à Séville, lorsque White tombe sur un vieux livre où il est question des premières approches de ces îles : la Deseada, Marigalanta, La Dominica, Barbados, etc. C'est comme une musique lointaine à ses oreilles. L'Archipel du songe est une histoire de migrations, de langues diverses, de rencontres avec des conteurs et des pêcheurs, d'expériences vécues à travers les territoires, de moments riches de sensations et d'extase dans des solitudes peuplées d'iguanes et de flamants roses.
Je suis retourné à ma chambre de Morne Rouge, pour repenser et gamberger encore une fois sur les migrations des Hommes rouges. Les Hommes rouges. Ainsi nommés parce qu'ils coloraient leur peau avec le roucou, appelé aussi onoto, extrait de la pulpe de la plante bixa orellana. [...] Leurs ancêtres avaient traversé le détroit de Bering dans la nuit des temps, lancés dans une longue marche du nord vers le sud [...]. Derrière toutes leurs histoires, avais-je fini par découvrir, l'homme-qui-parcourt-la-terre, auquel les tribus et les nations donnaient différents noms, mais tous, je l'avais remarqué, phonétiquement proches : Wakea (Hawaii), Wako (Pérou), Waikano (Brésil), Wakoutah (Dakota), Wisahco (Chippewa), tous signifiant quelque chose comme « l'homme du vent et de l'eau ».