Lars von Trier, cinéaste venu du Danemark, doit sa reconnaissance internationale au prix décerné par le Festival de Cannes en 1996 à Breaking the Waves et à l'immense succès public qui s'ensuivit. Depuis, il a pris le temps de se forger la réputation d'une personnalité compliquée et inaccessible. Les entretiens qu'il a donnés à Stig Björkman témoignent du contraire. Il s'y montre particulièrement franc et direct, généreux de sa personne et peu avare de ses opinions au risque d'exposer ses contradictions en pleine lumière. Un goût jamais démenti pour l'introspection teintée d'autocritique, une curiosité perpétuellement en éveil, le tout accompagné d'une bonne dose de provocation. Les entretiens ont eu lieu de l'été 1995, alors que Lars von Trier préparait le tournage de Breaking the Waves jusqu'au printemps 2000, après qu'il eut terminé le montage de Dancer in the Dark. Au cours de cette période, Stig Björkman a pu avoir accès aux scénarios des films en projet. Il a également pu suivre Lars von Trier sur les tournages de Breaking the Waves, Les Idiots et Dancer in the Dark.
L'évolution du cinéaste, depuis son film de fin d'études à l'école de cinéma de Copenhague, Images d'une libération, jusqu'à Dancer in the Dark est loin de suivre un parcours attendu. Chacun de ses films porte une vision nouvelle ; à chaque fois, il remet en cause la cohérence de sa démarche, cherchant sans cesse à repousser ses propres limites, engageant le spectateur à faire de même.
A travers ses films, Lars von Trier démontre qu'il a une confiance inébranlable en l'avenir du cinéma et la capacité de cet art de se ressourcer ; la lecture de ces entretiens permet de mieux comprendre la place qu'il occupe dans cette histoire en train de s'écrire.