Il existe un monde où l'on ne devient artiste qu'à condition de tuer. Un monde où le sang se met à couler et les poignards à pleuvoir sitôt qu'un individu est frappé de pulsion artistique. Un monde indifférent à la sublimation, où créer fait des morts, sans que l'on puisse dire lequel entre le meurtre et l'oeuvre d'art est le moyen matériel, la finalité déguisée, la conséquence tragique. Ce monde, le cinéma le révèle - et s y plonge jusqu'au cou. Les artistes assassins ont mille visages. C'est le bandit blanc d'Orange mécanique qui ravage une ballerine à coups de statue. C'est l'Edward aux mains d'argent de Burton, qui sculpte et blesse au moindre geste. C'est Jack le psychopathe chez Lars von Trier qui compense sa frustration d'architecte raté en bâtissant des murs de cadavres. C'est le docteur des Yeux sans visage de Franju qui dépiaute d'innocentes étudiantes au prétexte de réparer sa fille. Fritz Lang, Michael Curtiz, Hitchcock, Clouzot, Kubrick, Elio Petri font pousser les beaux-arts à l'ombre du mal.
Et s'ils avaient raison ? Et si l'art, viscéralement, portait à tuer ? Ici gisent les histoires de personnages diablement crédibles.