A travers les yeux d'un rêveur intrépide...
Des décennies d'un business douteux que l'industrie du cinéma aurait préféré oublier...
Et l'âpre beauté et les trouvailles visuelles qu'il recèle pourtant.
Pour la première fois, nicolas winding refn, le réalisateur de la trilogie «pusher»,
de «bronson», «valhalla rising», «drive», «only god forgives» et «the neon demon»
passe au peigne fin sa collection unique d'affiches de cinéma américaines, et se
penche sur la façon dont le spectateur imbrique et justifie certaines images clés
dans sa propre réalité.
Passant d'affiches d'époque comme «spike heels and black nylons», «obscene house»
et «alice in acidland» à celles de «the twisted sex», «torture me kiss me» ou «zero in and
scream» - pour ne citer que quelques-uns des titres intrigants présentés - l'artiste
danois, plutôt friand de controverse, échafaude une nouvelle manière de regarder
les artefacts et les hyperboles éhontées concoctées dans les ruelles mal famées de
l'industrie du cinéma d'exploitation.
Cet art très particulier de l'affiche a brisé les règles et dépassé toutes les bornes, un
peu comme winding refn le fait dans sa carrière de cinéaste. Car ces promesses
gonflées de main de mâitre et ces accroches sacrément tapageuses étaient là pour
faire perdre la tête et amener, contre toute raison, des gens plutôt normaux à aller
s'asseoir dans une salle obscure pour regarder se dérouler des vies choquantes,
excitantes et parfois inimaginables, vécues par d'autres.
Le cinéaste nous rend à notre tour complices et voyeurs par sa façon d'arranger
et juxtaposer les affiches de son exceptionnelle collection - éphémères appâts
de carton et papier exhibés à l'entrée des cinémas, peu vus en leur temps et encore
moins remémorés - créant du même coup un spectacle à plusieurs dimensions qui
égale ceux qu'il a explorés dans son travail pour le grand écran.
Le contexte historique a été minutieusement, et parfois avec humour, documenté
pour chaque affiche, et winding refn a méticuleusement supervisé chaque phase
de production de ce somptueux ouvrage qui résume pour lui tout ce qu'il a appris,
non seulement de ce pan peu connu de l'histoire du cinéma, mais aussi de ce qu'un
témoin directement confronté à ce monde presque parallèle, peut en tirer d'un
simple regard - un acte qui peut aussi être un art.