Il y a une grande esthétique romantique, c'est celle de Karl W. F. Solger (1780-1819) - une esthétique qui accepte la fragilité du beau et fait de l'ironie l'attitude de l'artiste moderne. Philologue (il oeuvra à une somme sur Ia mythologie grecque et sa traduction des tragédies de Sophocle, adaptée pour la scène par Goethe, reste une référence) et philosophe (il occupa la chaire de philosophie à Berlin durant l'interrègne entre Fichte et Hegel), Solger installe les arts dans un rôle propédeutique. Sans renoncer à la rigueur d'un système, il privilégie la mise à l'épreuve de la pensée dans l'entretien, restituant dans ses écrits la forçe de son amitié et la vivacité de ses échanges intellectuels avec le poète Ludwig Tieck.
Un dialogue, Erivin. Quatre entretiens sur le beau et l'art, paru en 1815, des Cours d'esthétique rédigés en 1819 et publiés dix années plus tard, une longue critique des Cours sur l'art et la littérature dramatiques d'A. W. Schlegel, une correspondance largement inédite, tel est l'essentiel de l'oeuvre esthétique de Solger que ce volume propose pour la première fois en français.