En ces temps d'arrogance identitaire, peut-être y a-t-il quelque mérite ou avantage à inexister. « Puissé-je n'être jamais né ! » : le rêve d'Oedipe pourrait bien avoir été exaucé, sinon par la Suisse, du moins par ses artistes. La liste est longue des artistes suisses qui ont enrichi l'histoire de l'art ; mais leur seul dénominateur commun est de se dérober à tout dénominateur commun, de subvertir par conséquent l'idée d'un art national. La mort, très présente dans leurs oeuvres, se distingue par une vitalité paradoxale ; elle résonne comme un requiem jubilatoire pour une réalité obscène. L'inexistence active se traduit par une esthétique de la disparition : c'est le passage à l'art préféré au passage à l'acte. Ce livre se présente comme une visite guidée qui, des grands maîtres du passé aux contemporains, devrait mettre en évidence cet étonnant oxymore : « l'art suisse ».