Ce livre commence aux environs de 355 av. J.-C.,
lorsque Platon rédige le Timée et le Critias. Assurément
Platon a puisé dans la culture de son temps, d'Homère à
Hérodote et Thucydide, mais le mythe du continent
perdu, inséparable d'une Athènes également imaginaire,
est son oeuvre propre.
Reste que le mythe a connu d'incroyables développements,
dans l'Antiquité d'abord, et a littéralement
explosé à la Renaissance, singulièrement après la découverte
de l'Amérique, rapidement identifiée par certains au
continent imaginé par Platon. D'autres, peu nombreux,
résistèrent, dont le plus remarquable est Montaigne. Les
nationalistes s'emparèrent du sujet, de l'Espagne à la
Suède et de l'Italie à l'Allemagne, singulièrement à
l'époque hitlérienne. Les savants cherchèrent à expliquer
par le continent perdu tantôt l'histoire de la planète, tantôt
la préhistoire minoenne de la civilisation grecque. Les
personnages de Jules Verne la visitèrent ou la reconstruisirent.
Dans le «ghetto modèle» de Theresienstadt,
un poète et un musicien identifièrent avec l'empereur de
l'Atlantide le despote qui les incarcérait avant de les tuer.
Il était temps que cette longue histoire fût écrite en
français.