L'attente de la tour
Faut-il tout dire aux vents voleurs qui racontent aux alentours tout ce
qu'ils savent et inventent ce qu'ils ignorent ? Qu'importe...
Une double tension traverse ce recueil. Il y a d'abord une tension
vers ce qui a été et n'est plus. Un amour, une vie, un être rencontré
s'éclipse dans l'oubli. Le poème le retient, lui confère dans les
signes de la page une existence de surcroît dans le présent. Et il y a
une tension tournée vers ce qui advient. Non pas l'attention à ce
qui n'est pas encore, mais la patience qui occupe l'espace entre le
déjà-là caché et le présent découvert. L'attente est l'autre nom de l'espérance qui mettra à nu lmes compromissions avec la nuit.
Tout s'effondrera et je contemplerai, devant moi, les ruines chaudes et pleurantes d'un monde qui attendait ma promesse de sable, sur des marais, au gré d'un vent léger. Il aura fallu une voix revenue du silence, une cambrure fière, dans la brume des étangs, hier, pour que l'axe du monde se déplace et que je chute.