Dans l'étude du phénomène menstruel, le temps a moins retenu l'attention que le sang. Depuis la pensée grecque antique des règles, proposée par les traités hippocratiques et les théories aristotéliciennes, puis renouvelée dans les relectures médiévales juives et chrétiennes, s'est développé un imaginaire du flux, de la matière et du temps féminins. La pensée moderniste l'a fait passer des écrits théoriques aux oeuvres romanesques (Woolf, Joyce, Lessing) et d'une conception du corps à une conception de la psyché. La mesure menstruelle des corps révèle la diversité des constructions de la différence sexuelle, de la matérialité des corps et de leur inscription dans l'ordre du monde, ouvrant de nouvelles directions pour penser le temps.