Pour tenter d'atteindre ce qui lance sa tête à toute vitesse, Scanreigh met donc l'image au travail, il la rend aux déplacements qu'elle provoque en lui, à force de reprises, d'abord anxieuses puis de plus en plus jubilatoires, quand l'image s'éloigne doucement de son référent, qu'elle aborde des territoires étrangers à ce qu'elle était et qu'elle s'autonomise, lorsqu'il s'empare d'une image, Scanreigh la presse, il la mâche, l'agace, l'étire, comme pour lui tirer les vers du nez. Par la répétition, il chatouille ses lignes et l'excède, l'inquiète dans un rire nerveux. C'est une sorte de joyeuse torture à laquelle il se livre. Il pousse finalement l'image si loin d'elle-même qu'elle semble s'avaler dans un grand hoquet et, ce qui était radicalement extérieur, par je ne sais quel tour, pivote en figure intime, figure qui, dans son immobilité, son étrange familiarité, continue pourtant de se déplacer d'elle-même, toujours ne s'appartenant qu'à moitié, cédant son autre part à l'énigmatique mouvement qui l'origine.