Lazare est de retour
« Quand on n'a jamais quitté ce monde, la perspective de mourir représente l'inquiétude de l'inconnu, ou l'angoisse du néant ; mais revenir en cette vie alors qu'on est déjà mort, ce n'est pas une seconde chance, c'est retomber dans l'éternel retour des souffrances et des illusions. Mourir pour se retrouver perdu sous un soleil trompeur, les bandelettes tombant comme la peau morte, aussi démuni que le nouveau-né expulsé du ventre de sa mère... Lazare était un adulte et il devait renaître. Il avait déjà tout quitté et il allait encore souffrir. Et il lui fallait mourir, une nouvelle fois.
Ce que Lazare aurait pu transmettre - s'il avait pu le narrer avec ses mots à lui - est incommunicable. Ce qui appartient à un autre monde ne se traduit dans aucun langage. Nul souvenir ne pouvait remonter à la surface. Le sommeil dans lequel Lazare était plongé ressemble à ces profondeurs abyssales qui absorbent tout ; la lumière, les voix, la mémoire. Rien ne saurait décrire ce qu'il était, ce qu'il « vivait ».
Tenter de l'imaginer, c'est faire fausse route. Je peux en témoigner. Cela est ma propre expérience. Je m'appelle Lazare. »
Une réécriture contemporaine et terriblement actuelle du Lazare du Nouveau Testament. Lazare, figure biblique ressuscitée, revient sous la plume de Jean-Marc Bastière du pays des hommes enterrés vivants.