"À cause de la liberté de ses moeurs, certaines maisons lui étaient hostiles."
Voilà, tout est dit de ce livre malsain, empêtré dans la haute société bourgeoise ou aristocrate d'un temps où rien de cela ne compte, sinon la loi brute de l'argent.
On est dans l'immédiat après-guerre, la boue et le sang que décrira Cendrars dans "Le bras coupé".
Pendant ce temps-là, à Paris, on danse, on va danser en banlieue avec ses belles automobiles pour s'encanailler. Il y a même des fausses bombes. La guerre est à la fois décor et apparât de ceux qui l'ignorent, et présence assourdie, comme les tentures successives d'Edgar Poe dans "La mort rouge".
Comment fait-on l'amour, dans une société bouleversée et cernée par sa propre mort ?
Le Radiguet halluciné et éclatant du "Diable au corps" retrouve son atelier essentiel, celui des moeurs. Sauf qu'on n'est plus au XVIIIe siècle, on a électricité et voiture.
Ce livre il ne l'a pas fini. Livre testamentaire. Mort à 20 ans. Cocteau finalise les épreuves, la typhoïde n'aura pas raison de la comtesse d'Orgel (qu'on les aime, des phrases comme "Les mouvements d’un cœur comme celui de la comtesse d’Orgel sont-ils surannés ?"). Tant mieux pour nous, et ces couleurs qu'il ajoute à nos couloirs intérieurs, et tout bouleversement nouveau, des corps et du monde.
FB