Andersen est un des grands écrivains du 19ème siècle, célébré mondialement pour ses contes mais négligé pour le reste de ses écrits, alors même que, ce Bazar d'un poète nous le prouve, certaines de ses autres oeuvres sont étonnantes.
On pourrait dire qu'il s'agit d'un récit de voyage, le prétexte en étant un long périple de neuf mois durant lequel il traversa l'Allemagne, l'Italie et la Grèce, jusqu'à Constantinople et dans les Balkans.
On pourrait dire qu'il s'agit d'un portrait d'une époque et du milieu artistique européen puisque durant son voyage Andersen parle autant des gens ordinaires que des gens extraordinaires, sa description d'un concert de Franz Liszt est assez étonnante.
Andersen excelle à conter et à raconter, quel que soit le prétexte du moment, dramatique, romanesque, lyrique, « touristique ». Il a par excellence cette voix de conteur inlassable qui fait que, dès qu'il est entré en matière, vous êtes pris, sans aucun recours.
Il ne rédige pas de guide, il vous raconte ce qu'il a vu, il vous narre des histoires, il ne laisse échapper aucune occasion de vous proposer un conte, à propos d'un décor, d'un personnage intéressant et de rencontre, d'un petit événement dont il a été témoin, de curiosités peu banales.
Il déambule, il observe, il relève un détail, un personnage, un quartier de ville, un élément de paysage. Le réel n'existe pas, un trésor est caché dedans.
Le grand escogriffe embarrassé de ses membres encombrants et de son nez trop long exprime le meilleur de son être dans ses récits et dans ce voyage où il est libre de transfigurer.