20 mai
Retour des chauves-souris. Magnifique ciel pommelé. Les nuages sont rangés comme pour une régate de montgolfières. L'oiseau sans nom, qui m'a ébloui l'autre jour du vif de son plumage, est revenu furtivement sur la balustrade de ma terrasse. Une présence à valeur de goutte d'or qui s'est immédiatement diluée dans mon sang pour embraser mes veines de joie. Au point que j'ai de nouveau eu le - mauvais ? - réflexe de chercher précipitamment mon appareil photo plutôt que d'essayer de dire ce miracle lumineux avec mes mots.
En tout cas, les visites « illuminantes » ne m'ont jamais paru aussi nombreuses au Tourneciel qu'en ce printemps.
Sur ce, on m'annonce par courriel la sortie d'un nouveau livre sur Chagall. Chagall ce matin dans le ciel. Légèreté, couleurs et envol. Tout danse soudain avec tout, pourvu que la joie l'anime. Et il n'y a que Mozart qui sied à cette liesse suicidaire. Que lui qui puisse s'ébrouer de la sorte, ivre de miel à la sortie du manège d'un tilleul.
Mais il y a trop d'inertie dans ce monde, trop d'entreprises de décérébration ! Il faudrait des Mozart partout pour dynamiter toutes ces digues de la mort.