« Il faisait très chaud dans la nuit. Au commencement, je vis des formes obscures qui avaient de la peine à se détacher du chaos, et qui semblaient souffrir. Puis une suite de fantômes qui vinrent me solliciter. Je ne dormais pas vraiment, et si j'ouvrais les yeux, les formes demeuraient auprès de moi. Ensuite les visages se dessinèrent. Je les reconnaissais. Ils venaient de plus en plus près, jusqu'à me toucher, jusqu'à m'embrasser presque sur les lèvres. J'en étais bouleversé et dans le même temps, j'en éprouvais une sorte d'horreur. Je me mis à parler à voix haute dans la nuit, répétant la formule : Intellige priusquam discutias... Comprends avant de juger. »
Les proses oniriques de Paul Louis Rossi nourrissent la substance de ces récits. Cette déambulation aux éclats poétiques et aux affinités littéraires (Borges, Joyce, Sôseki) et artistiques (Hans Baldung Grien, Stoskopff, Palladio, Dürer...) nous mène dans l'évocation de rencontres, de paysages et d'échappées fantastiques. « Rien de ce qui est étrange ne nous est étranger... »