Les sociétés démocratiques ont développé un système économique,
le capitalisme, qui après une phase commerciale et une phase industrielle,
atteint aujourd'hui une phase financière. La mécanique
du capitalisme structure l'ensemble de la vie sociale à travers les
sphères économiques, médiatiques, politiques et culturelles.
Le capitalisme financier, c'est la logique de la rente accumulée grâce
à la place éminente donnée à la dette. C'est la logique actionnariale
qui engendre la concentration sans limite des revenus et des patrimoines.
C'est la recherche éperdue, mais vaine, de la liquidité. C'est
la mythologie de la croissance (pour tenter d'éviter la question du
partage de la richesse) et d'une consommation toujours renouvelée
des biens et des services. C'est, corrélativement, un ensemble
d'outils, en apparence étranges, en réalité parfaitement adaptés et
cohérents par rapport à leurs finalités, tels que la titrisation, les
stock-options, les produits dérivés, les agences de notation, les
normes comptables... Le capitalisme financier, c'est aujourd'hui un
réseau dense constitué de participations dans le capital de sociétés
mondiales. Ces participations sont multiples, croisées, sous le
contrôle d'un nombre infime d'acteurs, à peine quelques centaines.
L'économie mondiale est ainsi devenue un immense portefeuille
d'actifs financiers aux mains des gestionnaires de fonds et des marchés
financiers.
Cet ouvrage propose un démontage systématique de la dynamique
financière implacable qui fait de l'accumulation la réponse ultime,
et qui installe, désormais, le raisonnement financier comme seul
raisonnement légitime au coeur de l'économie, rendant ainsi caduque
toute perspective politique et sociale.
Sans rupture par rapport à ce modèle dominant opérant sur la pâte
sociale, aucun changement, aucune transformation n'est possible
durablement et en profondeur. La crise économique actuelle est
structurelle et rend absolument nécessaire une remise en cause du
capitalisme financier.