Les années passant, l'oeuvre de Monique Saint-Hélier apparaît de plus en plus comme une des oeuvres majeures de la littérature romande au XXe siècle.
Cette enfant de La Chaux-de-Fonds, après avoir poursuivi ses études à Lausanne et à Berne, s'est installée à Paris, où elle
a accompli toute sa vie d'écrivain. Très tôt cloîtrée, par la maladie, en son appartement parisien, elle a puisé dans le souvenir de son enfance et de son adolescence chaux-de-fonnières les matériaux de son univers imaginaire. Mais qu'on ne s'attende pas à trouver, dans ses romans, la peinture d'un coin de pays et de ses gens ; rien de moins régionaliste que cette oeuvre. Le monde de Monique Saint-Hélier est d'une intensité et d'une présence que seules les grandes créations imaginaires peuvent faire vivre. Et la nature, les choses, les êtres, l'exigence du désir, s'y imposent avec une force d'autant plus saisissante qu'on les sent menacés par la destruction et par la mort. Telle est la tension de cette oeuvre, entre la désolation du monde, son atmosphère d'arrière-automne, son opacité nocturne, et la densité, la vibration intense des sensations et des sentiments.
Le Cavalier de Paille appartient à ce qu'on appelle « le cycle des Alérac », l'ensemble des quatre romans principaux. Si les mêmes personnages et les mêmes lieux réapparaissent dans tout le cycle, chacun des romans constitue cependant un tout et peut être lu pour lui-même.