Que faisons-nous lorsque nous raisonnons ?
par quelles voies notre pensée chemine-t-elle
quand nous cherchons à connaître ? À quelles
conditions est-elle satisfaite des conclusions
obtenues ? C'est à ces questions que s'est
efforcé de répondre l'épistémologue Émile
Meyerson (1859-1933) dans son dernier grand
livre, Du cheminement de la pensée (1931). À
cette fin, il a interrogé tous les genres de raisonnement
dont son incroyable érudition lui fournissait
l'exemple : les détours de la pensée du
physicien comme les intuitions du génie
mathématique, les jugements de l'historien
autant que les décisions du juge... il n'a voulu
établir ni une genèse empirique des savoirs,
ni un système logique de la pensée vraie,
mais une «philosophie de l'intellect». Cette
philosophie a exercé une influence décisive,
et souvent méconnue, sur des penseurs aussi
divers que Jean Piaget, Jacques Lacan, ou
W. O. V. Quine.