Je n'ai pas le goût des confessions, elles offrent trop de gages
à un spectacle où ma démarche même renierait son propos.
Je n'ai en revanche aucune raison de dissimuler l'attrait
qu'a toujours exercé sur moi la tentative de Montaigne de
se peindre sur le vif, en dépit des couleurs que le monde
lui imposait.
Ce désordre d'émotions et de pensées, j'ai choisi de les aborder
par le biais des passions auxquelles je demeure le plus
attaché : l'amour, l'amitié, la volonté de vivre... ; et à travers ce
qui les corrompt : la peur, l'argent, la présomption de l'esprit.
Mon questionnement est sans réponses, mais j'ai, au plus
profond de mes doutes, quelques certitudes. Peut-être est-ce
suffisant au coeur d'une époque qui, présentant, comme nulle
autre pareille, les symptômes d'un pourrissement universel,
cherche, au crible de ses désillusions, les signes d'une civilisation
humaine qui tente maladroitement et naïvement de
s'instaurer.
R. V.