Les études réunies sous le titre générique Le choc des cultures traduisent le questionnement scientifique de Michel Rouche qui effectua un travail de pionnier dans le champ de l’histoire du Haut Moyen Âge. La permanence de l’Antiquité dans les noms de lieux et la voirie s’étend à travers les cartulaires et les polyptyques depuis le sud de la France jusqu’aux régions du Nord. Cela se traduit par la rencontre de deux civilisations, celle de l’huile et du vin et celle de la bière et du beurre. Cette concrétisation se marque au quotidien par la nature des repas mais aussi des types de maladies. Les sociétés « barbares » se frottent et s’inspirent du modèle impérial romain, de là, naissent les grands ports de la mer du Nord mais aussi la privatisation par Dagobert des terres publiques confiées aux églises. À l’État unitaire se substitue, dans le courant du viie siècle, les régionalismes, notamment celui de l’Aquitaine. La déstructuration des repères sociaux conduit le christianisme à redéfinir un ensemble de valeurs autour de l’engagement, non dans la perspective de l’accumulation de l’Avoir par la conquête du pouvoir mais comme une libération de l’Être qui se fond dans l’Un, à l’instar des ermites. Le mariage et le célibat consacré participent d’une démarche identique dans une quête fidèle de l’Autre et dans le respect réciproque jusqu’à l’accomplissement final dans la mort, prévue et organisée. Du choc des cultures naquit ainsi un nouveau modèle social qui allait façonner la civilisation occidentale.