Le monarque et les membres de la famille régnante ont-ils le droit de vote, actif et passif ? Font-ils partie du « peuple » ? Ce livre est la première monographie de science juridique en Europe à creuser ce sujet, d'habitude délaissé. Sous cette question anodine se cache, pourtant, une clé essentielle pour cerner la nature de la monarchie constitutionnelle et son processus de démocratisation. Le monarque est-il toujours un « être à part », séparé du peuple - au Japon, d'antan, le tennô était considéré comme un dieu vivant -, ou est-il un « citoyen », ainsi que l'a revendiqué en 2004 Henri de Nassau, grand-duc de Luxembourg ?
Du cas luxembourgeois, qui, sur ce sujet, est particulièrement intéressant, ce livre propose une étude serrée grâce à l'exhumation des listes électorales (1841-2013) et à l'élucidation de leurs fondements juridiques. Est mise à jour ainsi une rupture opérée en 1945 dont il convient de souligner à la fois l'aspect moderne (voire précurseur) et incomplet (et partant inconstitutionnel). Au-delà du cas luxembourgeois, le livre restitue la problématique dans son contexte général, théorique, historique et de droit comparé. De cette vaste fresque, portant sur plus de deux siècles et une dizaine de pays, ressort de nos jours surtout un modèle : celui du « citoyen monarque ». Ce modèle éclaire une nouvelle réalité de la monarchie : non pas celle, en déclin, des pouvoirs du chef d'Etat, mais celle, en pleine ascension, de la personnalité de l'individu qui se trouve « derrière » l'organe, et qui, par un retournement historique spectaculaire, réclame d'être d'abord un être humain doté des droits de l'homme et un citoyen doté des droits politiques.