Nous avons été particulièrement intéressés par deux aspects de cet
ouvrage : la capacité propre à l'auteur de redonner une certaine
rationalité à l'État et de ce fait à l'institutionnalisation du politique...
et, d'autre part, à cette théorie de l'efflorescence citoyenne qui
transforme le citoyen en ce qu'il ne devrait jamais cesser d'être, une
promesse engendrée par le politique.
Nous pouvons souligner l'originalité et la pertinence qui consistent à
repenser l'État en dépassant ou en rénovant les théories habituelles,
comme celles qui concernent le contrat social. Un contrat, dont
Laurence Vanin montre les limites et affirme l'utopie. Ainsi l'État se
doit d'exercer sa puissance décisionnaire afin de mobiliser les citoyens autour du vaste
projet de la République, de l'intérêt public. Mais l'auteur insiste sur sa détermination
à distinguer les multiples rapports du gouvernant aux gouvernés. D'autant que pour
recentrer un citoyen engagé, elle le place non seulement au centre de la vie collective
mais dans une histoire. Elle élargit ainsi son champ d'investigations. Le citoyen n'est
donc pas une entité abstraite ; au contraire, il constitue une identité participative, un
membre réalisateur de la citoyenneté dont la finalité des agissements et l'expression de
sa liberté doivent contribuer à l'harmonie sociale. L'auteur nous invite donc à méditer
cette mise en oeuvre de la citoyenneté par l'homme : cet être repensé et reconstruit. C'est
pourquoi Laurence Vanin s'applique à questionner la citoyenneté.
Ainsi elle oscille entre deux plans de la prise en compte des agissements des hommes
dans la sphère individuelle de l'histoire personnelle, puis dans la vaste question de
l'histoire collective, où là encore elle innove en situant cet être en devenir au carrefour
des possibles face à son événement.
Aussi le lecteur, que nous sommes, ne peut rester indifférent face à cette originalité
conceptuelle qui consiste à nous placer devant un Logos à l'oeuvre dans l'histoire et
un citoyen qui est l'expression du jaillissement, de sa singularité rendue efficace par
ses choix et ses agissements. Le Citoyen et l'Homme liés dans leur événement, au
carrefour même des possibilités, dans leur aptitude motivée, tendent à la variabilité et à
l'affirmation d'une singularité.
Faire du citoyen l'avènement ou l'événement du politique cesse dans les travaux de l'auteur
d'être seulement un programme idéal pour devenir pleinement un chantier : ce n'est pas
là le moindre des services que nous rend cette étude très prolifique et innovante.
Jacques Basso.