Les deux composantes majeures de cette poésie ont toujours été la
dictée automatique et le frisson existentiel, tendre ou révolté, brutal ou
à peine suggéré. La suite d'images juxtaposées qui constitue le poème
est à la fois le fruit du hasard objectif, comme chez les surréalistes, et le
produit d'une science de la construction qui accentue tantôt
l'écoeurement ontologique, tantôt la nostalgie. Quant à la technique,
elle est si moderne qu'un ordinateur doué de sentiments l'envierait. Du
point de vue strictement formel, le discours lyrique se trouve à la
confluence du collage, de la divagation et des autres procédés propres
à la démarche aléatoire : «une irrésistible attraction / une jeune fille
même une jeune fille était / ce fantôme blanc / un ectoplasme qui
parlait au téléphone / puis le coup du jour en pleine figure / lorsque le
téléphone disparaissait / y compris ses chiffres / il se cachait dans un
foret / parmi les champignons rouges / comme des signaux d'alarme /
on a déchiré ma réalité / et d'en dessous surgit la face du cheval / qui
court seul sans jockey».
Constantin Abaluta