On a tant entendu, par les temps qui courent, d'opinions opposées, et souvent hargneuses, sur la guerre d'Algérie que le point de vue de Deodat, singulier commandant jeté dans le drame, est bienvenu.
Sale, cette guerre, sans doute, quel que soit l'usage que font les malveillants de ce qualificatif. «La pacification d'un pays, dit Deodat, où il y a peu de bandes armées et beaucoup d'agissements souterrains est une aventure que je trouve déplaisante. Nous avons affaire à un ennemi bien fâcheux».
Mauvais les moyens, mauvaise aussi la cause, dès lors que la perspective de l'Algérie française était abandonnée. «La guerre, dit encore Deodat, ne peut se faire à moitié. Savoir pourquoi l'on se bat, pourquoi l'on tue, telle est l'indiscrète question que le militaire pose à son gouvernement».
Les deux dernières années de la guerre, marquées par le putsch d'avril 1961, sont les plus tragiques que notre armée ait vécues. Deodat est un coeur pur. Ses lettres sont le reflet de ses tourments.