Lorsque l'on demandait à René Goscinny quel personnage
d'Astérix avait sa préférence, le scénariste répondait
sans hésiter : «Obélix, car c'est celui qui a le plus de
facettes, le plus de traits de caractère différents.» Naïf,
brutal et psychologiquement fragile, Obélix est une figure
enfantine dont la logique déconcertante nous renvoie sans
cesse à l'histoire de notre propre développement. Et s'il
fallait prendre ses mots d'enfant au sérieux ? Astérix
en effet ne manque pas d'enfants terribles : une sorte de
folie ordinaire hante littéralement les relations humaines.
«Ils sont fous, ces humains», en conclut Obélix ; peut-être
existe-t-il en effet une folie «normale», constitutive
de l'homme, qui hante la vie de tous les jours ? Obélix
l'enfant, Obélix le naïf, pourrait bien être alors, contre
toute attente, le meilleur des guides, dans les méandres
des logiques irréductibles qui hantent le développement
de la personnalité.