Le livre que voici confronte deux traditions philosophiques que l'on présente
volontiers comme antagoniques. La pensée dialectique et la pensée analytique
ont leur langue, leurs concepts, leur méthode propres ; mais elles sont aussi
traductibles. L'intention de Michael Quante est précisément de parvenir à une
synthèse de leurs concepts fondamentaux et de contribuer ainsi à l'unification du
débat philosophique. Il montre que l'idéalisme allemand possède une théorie de
l'action au sens de la philosophie contemporaine, et que cette théorie pourrait
même déjouer certains pièges métaphysiques auxquels la philosophie analytique
n'aurait pas échappé.
L'enjeu de l'ouvrage consiste à reconstituer et à discuter la théorie hégélienne de
l'action à partir de la philosophie pratique, plus précisément à partir du «Chapitre
sur la moralité» de la Philosophie du droit. Cela ne signifie pas pour autant
l'appréhender du point de vue «philosophico-moral». Quante analyse le concept
de l'action et ses présupposés dans la progression logique du livre de Hegel, mais
en amont des considérations sur le «bien» et le «mal», sur la «conscience» et sur
«l'autonomie» du sujet. C'est dans cet espace étroit de la moralité qui n'est pas
encore morale qu'il cherche à capturer le concept de l'action. Tous les concepts
de la moralité vont être réinterprétés ici d'un point de vue actio-théorique
moralement neutre : la «volonté», la «liberté», la «subjectivité», l'«intention», le
«bien-être» et même - et surtout - le concept de «responsabilité». Quante refuse
néanmoins d'aborder la théorie de l'action en partant des présupposés du système
hégélien et particulièrement de la logique spéculative. Il insiste au contraire pour
que son livre soit lisible même par ceux qui n'admettent pas de tels présupposés.