Mondialement connu et célébré de son vivant, Alberto Moravia, virtuose de la passion amoureuse, reste l'un des plus implacables démystificateurs de l'hypocrisie sociale et de l'imposture politique ou intellectuelle.
Ce volume regroupe quatre de ses plus grands romans qui témoignent de la force de son imaginaire et de son talent de portraitiste, habile à créer des archétypes, tant dans le registre politique, historique et social que dans la tonalité intimiste et même psychanalytique.
Dans La Romaine, en décrivant la vie d'une jeune prostituée, Moravia brosse un tableau de toutes les classes de la société auxquelles ses clients appartiennent. Et, à travers la diversité de la sexualité humaine, le romancier approfondit ses analyses du comportement des hommes pendant la période fasciste et la confusion de l'après-guerre. Dans La Désobéissance, Moravia laisse s'exprimer sa veine intimiste par le biais d'une sorte de « fausse autobiographie », où un enfant, qui pourrait être son double, manifeste tous les élans de révolte qui l'ont animé jusqu'à l'âge adulte. Dans Le Conformiste, l'écrivain donne du drame vécu par ses cousins résistants Rosselli, victimes des services secrets fascistes, une version transfigurée, qui nous entraîne dans le labyrinthe de la trahison et de la violence sociale et politique. Enfin, dans La Ciociara, le romancier raconte « sa guerre », durant laquelle, fuyant avec sa femme Elsa Morante les persécutions raciales, il découvrit tout un monde paysan arriéré, mais aussi généreux. Plutôt que de proposer un récit autobiographique, il modèle un nouveau personnage de femme simple, fuyant avec sa fille et se heurtant à une tragédie sans visage et sans nom.
L'universalité de ses thèmes de prédilection, le classicisme de son style et l'acuité de son analyse psychologique font de Moravia un des auteurs majeurs de la période contemporaine.