Cinq ans ont passé depuis la publication de L'Édition
sans éditeurs. Cinq ans qui ont vu l'écroulement
de l'empire Messier, le partage de Vivendi entre
Hachette et Wendel et la vente des éditions du Seuil
à La Martinière/Wertheimer/Chanel : un bouleversement
sans précédent dans l'édition française, dont
André Schiffrin retrace les étapes et les redoutables
conséquences. La situation n'est guère moins préoccupante
dans la presse : avec le rachat de la Socpresse,
l'essentiel de ce qui est imprimé en France est désormais
sous le contrôle de marchands d'armements
(Lagardère/Matra, Dassault) qui dépendent étroitement
des commandes de l'État.
Hors de France, le paysage décrit dans ces pages
-qu'il s'agisse de l'édition, de la presse, du cinéma,
de la radio et de la télévision, en Grande-Bretagne et
aux États-Unis - montre partout la concentration à
l'oeuvre, avec comme seul critère la rentabilité des
investissements. Mais Schiffrin l'indomptable ne se
laisse aller ni au pessimisme ni à la résignation et le
livre se conclut par des propositions nouvelles que
seuls les néolibéraux endurcis jugeront utopiques.