Si de nombreuses études paraissent autour de l'histoire des femmes, le corps féminin n'est que rarement mis au premier plan. Or, depuis le Moyen Âge, on observe une tension spécifique autour de cet « objet » de désir devenant aussi, dans bien des cas, la cible de violences multiples. La longue et douloureuse épopée de ce corps, à la fois convoité et exploité, n'a jamais été racontée. La grande synthèse que signe Stanis Ferez a justement cette ambition : observer, au sein de la civilisation occidentale, la construction de modèles et de pratiques sociales en se focalisant sur un corps condamné au fantasme et à l'aliénation, voué à l'idéalisation et à la répression.
Toutefois, contrairement à ce que l'on pourrait croire, celui-ci n'a pas toujours été enfermé - à l'instigation des hommes - dans des normes imposant principalement la douceur, la passivité et la soumission. La trajectoire a été bien plus complexe et les formes de résistance à ce modèle ont été nombreuses : des saintes martyres au Moyen Âge à Théroigne de Méricourt à la Révolution en passant par Jeanne d'Arc au XVe siècle ; des anarchistes émancipées au XIXe siècle aux actuelles féministes en passant par les « femmes fatales » du cinéma des années 1960.
Du corps féminin poussé dans ses extrêmes, il restait donc à parler en historien. C'est désormais chose faite avec cet ouvrage qui entend raconter la façon dont il a traversé les siècles, depuis l'époque des croisades jusqu'à nos jours. Une synthèse indispensable.