«La pratique de la philosophie consiste en la conquête, pour chaque penseur, de sa part de vérité, étant bien entendu que cette portion congrue, plus ou moins ample selon l'envergure mentale de l'intéressé, n'autorise personne à se croire propriétaire exclusif de l'espace mental, ni même de la portion qu'il s'est attribuée. Nous ne pouvons accéder qu'à une vérité en situation, et la recherche en ce sens ne s'achèvera jamais. Tout individu qui se présente en porte-parole de l'absolu se rend coupable de faux témoignage ; sa prétention expose une contradiction dans les termes.»
Philosophe français trop peu connu du grand public, Georges Gusdorf (1912-2000) raconte ici les mémoires d'un esprit libre, jamais inféodé aux modes, et doté de l'humilité des seigneurs. Depuis la vie dans les camps allemands, où il crée avec ses compagnons d'infortune une «université captive», jusqu'aux réflexions sur Vichy, sur Mai 68 et sur les exigences du travail intellectuel, c'est là l'histoire d'une existence vouée à la recherche de la vérité.