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Nul n’a jamais songé à interroger le sens profond des sépultures de coeur des rois et reines de France à une époque où souverains, théologiens et médecins, par le biais de sermons, de traités et de Miroirs, font de ce «grand promu de la fin du Moyen Âge», selon la formule de Jacques Le Goff, le réceptacle de toutes les vertus et de tous les vices. Si la pratique de l’inhumation séparée du cœur est ancienne en Angleterre et dans l’Empire, elle n’est attestée dans le royaume de France que dans la première moitié du XIIIe siècle. Ce rituel se diffuse ensuite, au XIVe siècle, au sein du domaine capétien et se mue en un véritable privilège dynastique grâce à une exceptionnelle autorisation pontificale. À partir de 1380, à la mort de Charles V, le cœur du roi est l’objet de tous les égards. Inhumé lors d’une cérémonie spécifique, il est placé dans une urne richement décorée ou repose sous un somptueux gisant. L’objectif est multiple : les tombeaux de cœur attirent les prières et valorisent le sanctuaire qui l’accueille tout en enracinant la mémoire du lignage capétien sur le territoire de France, des couvents mendiants parisiens à Saint-Louis de Poissy, de la cathédrale de Rouen à la nécropole dionysienne. Alexandre Bande livre ainsi la singulière histoire des sépultures de coeur du XIIIe siècle au XVe siècle et narre la naissance d’un cœur personnifié, déifié et hypostasié.