Un printemps et un été, je me suis rendu au musée
du Louvre, devant le tableau de Léonard de Vinci, La
Vierge, l'enfant Jésus et sainte Anne. Quatorze fois.
De façon rituelle, obsessionnelle. Je questionnais non
seulement les femmes - les mères - du tableau au
fameux «vautour», mais aussi les passants, les
voyageurs, les touristes, dans leur distance, leur
étrangeté. Ces visites m'ont renvoyé à l'absence. De
ma mère et de ma grand-mère. De Véronique aussi,
«icône vraie» d'une très lointaine bien-aimée. À ce
retrait du monde fait écho le Cygne de Baudelaire,
cygne exilé, «ridicule et sublime»...
Mais peut-on se déprendre de ce rapport obsessionnel
au féminin ?