Guilhem Rafart, de la Montagne Noire, que l'Inquisition aurait voulu faire taire à jamais, a pourtant traversé le temps. Anne Brenon s'est attachée à lui et l'a suivi dans presque tous les pas de son existence car il est de ces humbles dont on connaît la vie aussi bien, voire mieux, que celle de certains rois. Ce livre est un roman vrai, ou plutôt un « docu-fiction » sur papier. Tout est basé sur les sources et les témoignages des protagonistes. Mais que l'on ne s'y trompe pas : il ne s'agit pas pour autant d'un essai historique, car ici la belle écriture nous autorise à voir les visages, les couleurs, les lieux ; à sentir les odeurs ; à éprouver la peur ou la joie ; on frôle ce qu'était la vie du petit peuple du Midi, entre la fin du XIIIe et le début du XIVe siècle, ce peuple qui poursuivait obstinément son idéal chrétien, tout en fuyant le Malheur, comme il appelait alors l'Inquisition. L'émotion est là, à chaque page, parce que c'est une histoire humaine, et une histoire vraie.
« Depuis si longtemps, ils nous appellent les hérétiques. J'avais fini par comprendre ce qu'ils voulaient dire, avec ce mot savant qui sonne pourtant comme un métal. Ils voulaient dire : "Bons à jeter dans le feu". »