Peu de notions esthétiques auront fait l'objet de prises de position aussi négatives que celles suscitées par le décoratif. S'adossant aux ruines des notions de bienséance et de convenance héritées de l'âge classique, ce concept acquiert son identité à la faveur de la formation des utopies modernistes antidécoratives d'inspiration architecturale. Ni ornement ni décor, le décoratif est un concept parasite dont la reconnaissance spécifie moins une configuration des choses qu'il ne signale l'émergence d'un fantasme lié aux trois périphéries du social (acteurs illégitimes de la culture), du sexe (femme), de l'exotique (le sauvage). De Kant à Mendini, l'équivoque décorative redouble et fragilise les certitudes du visible.