J'ai frappé. Les aboiements d'un
chien m'ont répondu. Pas très
engageant. J'ai hésité à frapper
une nouvelle fois. Le chien
n'aboyait plus mais reniflait de
l'autre côté de la porte. J'ai
préféré battre en retraite. En
reculant, je me suis heurté à un
grand échalas.
J'ai bredouillé des excuses.
L'homme mesurait presque deux
mètres. Il était difficile de lui
donner un âge. Son visage était
creusé, travaillé par la pluie et le
soleil mais il avait des yeux
d'enfant. Ses cheveux gris
s'ébouriffaient. Sa voix, grave et
chantante, me semblait aussi
rude que les collines rocailleuses
qui dominent le village.
Il m'a fait asseoir près du feu. Le
chien est venu se coucher à mes
pieds. L'homme m'a servi une
assiette remplie d'une tambouille
fumante. Et appétissante. Il en a
aussi donné au chien, s'est assis
en face de moi, a mangé
directement dans la casserole
qu'il avait posée sur ses genoux.
En quête d'un logement de fortune, un
vagabond, ayant rompu les amarres
depuis longtemps, s'arrête - au hasard
de ses pérégrinations à travers bois et
champs - dans un petit village oublié.
Mais toutes les portes se ferment.
Toutes, sauf celle de Sam, étrange et
vieux bourru marqué par un passé
pesant.
Peu à peu, les deux hommes vont se
découvrir, s'apprivoiser et vivre
pleinement une amitié improbable qui
laissera des traces indélébiles lorsque
viendra le temps de se séparer à
jamais.